Friday, January 2, 2015

David Lee Baughan, La Recréation du créé


David Lee Baughan est un sculpteur contemporain américain, vivant et travaillant à San Francisco, en Californie. 
Il achève ses études à l’Université de Charleston en 1987 et obtient son diplôme d’études supérieures en art à Laguna Beach Art Institute, en 1993. Dès la fin des années quatre vingt dix il commence à exhiber ses œuvres à travers des expositions collectives et individuelles en majorité à San Francisco en Californie 
L’œuvre de David Lee Baughan varie entre des masses simples presque abstraites et une agglomération complexe à première vue, pour acquérir ensuite une certaine  forme souvent organique qui finit par donner vie à des membres et organes suggérés au départ, puis facilement reconnaissables.

La Recréation du créé
L’œuvre de David Lee Baughan est repartie entre des formes géométriques auxquelles il attribue le caractère organique qui constitue la majorité du  reste de ses sculptures. La femme est un thème majeur, mais la forme féminine se présente à nous dans une logique de création qui semble être le fruit d’une improvisation consciente, elle s’offre à nos yeux en parties déconstruites, puis reconstruites  d’une manière à nous proposer une perception philosophique nouvelle.

Figure 1 Venus de Lespugue, ca. 23000 B.C.

Figure 2   Mother/ child, Sandstone, 72 L x 18 W x 14 D, 2014


Les figures de Baughan semblent ramener à celles des venus  du Paléolithique, à  l’exemple de celles de Lespugue (fig. 1) ou de Willendorf avec leurs extrémités effilées contournant un élargissement exagéré au niveau des seins ou des fesses. En revanches les bras, les pieds ou la tête sont souvent réduites et ébauchées. Tout comme celles-ci, les sculptures déformées de l’artiste suggèrent une recréation d’un organisme nouveau qui, bien qu’extraordinaire conserve une certaine humanité et une capricieuse sensibilité. C’est une forme inerte rappelant l’immobilité des statues pharaoniennes s’animant chez l’artiste  par la texture rugueuse qui contraste avec un raffinage sur des courbes qui  renforce la notion de vie-inertie. La plupart de ses œuvres ont l’impression d’être intentionnellement inachevées, elles offrent ainsi au spectateur le plaisir de l’ambigüité que lui offre cette forme primitive, qui ne se défait pas de l’harmonie et de la féminité sensuelle indissociable de l’aspect de la femme ou de la mère, comme dans Mother/ Child (fig. 2).   

Figure 3  Icarus, chlorite 35 18 19 inch.


 La figure semble parfois être piégée dans le bloc de pierre, sans essayer de s’en libérer, la pierre est partie intégrante de la forme organique retenue dans une autre dimension, géométrique. Comme si la forme se retenait d’elle-même, à l’instar de l’œuvre Icarus (fig. 3).

On distingue les différentes parties d’un corps humain, replacées dans un autre contexte, semblant vouloir se libérer, mais pas de la pierre. Même dans les œuvres plus abstraites, il ya cette présence organique, évoquant la féminité à son état pur, la représentant en une seule masse dans un processus d’auto guérison vers lequel l’artiste tend lui-même.
Comme les statues primitives, les œuvres de David Lee Baughan ne dégagent pas, bien que présent parfois, d’érotisme dérangeant. La femme « Baughanienne » est un objet d’adoration qui frôle la divinité. L’installation de ses sculptures dans la place de la cathédrale de Grace à San Francisco ne semble pas vulgariser la spiritualité du lieu, bien au contraire le labyrinthe de ce dernier fait écho à l’œuvre en totem équilibré de l’artiste.
La sculpture de l’artiste David Lee Baughan, bronze qu’elle soit ou pierre, est avant tout, selon lui, le résultat d’un processus d’interaction conscient de l’inconscient, émanant de la profondeur intuitive et de la sensibilité de l’imagination. Dans l’ambition subversive de réinventer la création en mettant en avant l’inconscient, Baughan semble en concordance avec un surréalisme qui ne se défait pas du réel mais le conserve partiellement en le réinterprétant de façon à l’agglomérer à des masses primitives. Il reconnait lui-même être un admirateur de Carl Jung et plaide l’incarnation de ses œuvres de la philosophie féminine qui semble satisfaire son âme. Ce mécanisme de la créativité semble lui fournir une satiété philosophique remède par lequel il attribue à l’œuvre son psyché.

Lessons of Love, 2005 ,Bronze, 56 x 26 x 16 inches,  FARHAT ART MUSEUM COLLECTION

David Lee Baughan sculpte certes dans la pierre, mais lui donne une valeur qui émane de lui-même, elle perd de sa caractéristique matérielle pour en acquérir une, spirituelle, humaine mais différente de celle que nous, jusque là connaissions.

Hussein Hussein. 2014