LUDISMES
TRAGIQUES
par Alain TASSO
Darwish par Raouf Rifai , Collection de Musee FARHAT |
à la lumière de ce qui fut,
arbres tranquilles de vie,
étoiles engoncées dans l’obole du
rien
Abjuration du
tout humain, les avatars pernicieux…
Le peintre, encore une fois, est tout à
fait conscient de l’explosion subversive vu qu’il refuse l’autodestruction du
sensible.
C’est alors qu’il met en scènes
ses dernières tentatives, toujours renouvelées.
Proposés aux
improbables dialogues, les personnages de ses tableaux, ainsi que leurs formes
désarticulées, se nourrissent de traditions et de costumes populaires, dans un
incessant retour aux vicissitudes, sans lequel le présent n’a aucune raison
d’être. Darwish par Raouf Rifai , Collection de Musee FARHAT |
Chaque cliché
est un départ, ce long chemin balisé et jonché de nopals, de chardons, mais
tout en "couleurs" ! ? C’est le cri du cœur dans le
pleur du pinceau qui interpelle l’esprit aveugle, afin de recouvrer la vision.
Chaque cliché est un nouveau départ, prolégomènes aux interprétations
multiples.
Le personnage fétiche du peintre est un "darwiche", nullement
une émanation de nature spirituelle soufie. L’étymologie du mot est exhumée
ici-même du langage vernaculaire oriental, l’image authentique de l’homme du
quotidien, en perpétuelle mutation des saisons de son propre monde… Un "darwiche"
toujours esseulé, homme simple de tous les jours, en même temps miroir
d’une société contemporaine dérisoire, reflétant les changements géographiques
et socio-politiques. Il est placé dans l’univers tragique du grand cirque
fugace de la vie. Cependant, ses émanations eschatologiques, dans les cas que
l’on espère les plus probables, se veulent une nouvelle humanisation d’un monde,
complètement indifférent.
L'artist Raouf RIFAI |
Peu de lumière tant les nuages s’amoncellent dans ce travail qui porte - drôle de coïncidence bienheureuse dans
« l’art » vénal d’aujourd’hui – tous les éléments de la vie, cohabitant dans des toiles aussi bien expressionnistes que Cobra, en des explosions tragiques !
L’homme est présenté ici dans ses valeurs axiologiques, certes, mais
en déréliction, rafistolé et éventré.
Des momies macabres, des squelettes malades et en agonie se dévoilent là où
l’aube pointe encore une fois ?
Dans son expressionnisme le plus virulent, le peintre trace des rayons
virtuels de soleils fragiles, dans les non-dits de sa toile.
Il y a du ludique chez Raouf Rifaï. Il y a surtout du sensible au bord des syrtes
désertes. L’être humain est en premier et dernier lieux, son principal souci,
dans des considérations verticales vers l’espace épuré de liberté. PA-RA-DIS ( prix Sursock 2011) par Raouf RIFAI , Collection Musee FARHAT |
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